
Les vacanciers qui descendent vers la Provence, en empruntant la A31, qui relie Nancy à Lyon, pourront voir, à hauteur de Selongey en Bourgogne, une plaque indiquant « Chapelle Ste Gertrude ».
par Huguette Vanwelssenaers
Les vacanciers qui descendent vers la Provence, en empruntant la A31, qui relie Nancy à Lyon, pourront voir, à hauteur de Selongey en Bourgogne, une plaque indiquant « Chapelle Ste Gertrude ». Cette chapelle se situe exactement à Montagny et est dédiée à Ste Gertrude, oui, oui, à « notre » Ste Gertrude. C’est, en effet, à la demande d’un marchand de drap originaire de Nivelle (notons ici l’absence de « s » à Nivelle) que la chapelle fut édifiée en 1530. Elle renferme une statue de Ste Gertrude de Nivelle reconnaissable aux souris qui grimpent le long de son manteau. Il ne faut pas la confondre avec Sainte Gertrude la Grande de Helfta, mystique allemande de la Saxe (fin du XIIe, début XIIIe siècle).

Source : https://www.lunetoile.com/2024/01/02/chapelle-sainte-gertrude-selongey-21/ où d’autres photos sont disponibles
Gertrude, née en 626, est la quatrième et plus jeune enfant de Pépin de Landen, maire du Palais d’Austrasie sous Dagobert Ier et d’Itte Idoberge, sœur de St Modoald, évêque de Trèves. Pépin de Landen est propriétaire d’un domaine agricole de 7800 hectares sur le territoire de l’actuelle Nivelles.
Très jeune déjà, Gertrude témoigne d’une grande piété.
Au Moyen Age, afin d’accéder à plus de pouvoir, la noblesse souhaitait contracter des mariages « stratégiques » avec d’autres familles de haut rang. Quand sa fille atteint l’âge de dix ans, Pépin de Landen, appuyé par Dagobert 1er organise un grand banquet, afin de la marier à un duc. Gertrude n’a pas l’intention d’épouser ce duc, ni aucun autre prétendant d’ailleurs, elle en refusera beaucoup. Non, elle veut se consacrer au Christ. Sa mère, Ste Itte, la soutient dans cette voie et avec détermination lui coupe même sa chevelure, indiquant clairement son aspiration à une vie religieuse.
Il faudra la mort de Pépin de Landen pour réaliser le vœu de Gertrude. Devenue veuve, Itte, sur les conseils de St Amand, fait construire un double monastère : une communauté de religieuses et une communauté de moines et elle nomme Gertrude, âgée alors de 20 ans, abbesse du monastère des femmes. Ainsi, elle la met à l’abri d’un enlèvement suivi d’un mariage forcé ! C’est autour de ces monastères que va se développer la ville de Nivelles, dont Gertrude devient la sainte patronne.
Ste Gertrude est une femme cultivée, qui s’implique beaucoup dans la vie religieuse. Elle est sensible à la misère qu’elle rencontre et accueillante à ceux qui viennent frapper à la porte du monastère. C’est ainsi que va se créer une amitié avec deux moines irlandais, dont St Feuillen, qui ont dû fuir leur monastère d’Irlande et qui fondent l’abbaye de Fosses sur des terrains donnés par un frère de Ste Gertrude.
Elle décède à l’âge de trente-trois ans. Ses restes sont inhumés dans l’église abbatiale St Pierre, qui devient abbatiale Ste Gertrude au Xe siècle pour être collégiale actuellement.
Son culte se répand dans les Brabants occidental et septentrional, puis aux Pays Bas, le long des vallées du Rhin, de la Moselle, de l’Oise et de l’Aisne. Des pèlerins diffusent son culte dans toute l’Europe. Elle devient ainsi la Ste Patronne des voyageurs. De nombreux lieux de culte le long des axes commerciaux du St Empire sont placés sous son patronage.
Du XIe au XIVe siècle, la Gertrudsminne consistait à boire une coupe de vin en l’honneur de Ste Gertrude avant de partir en voyage ou en expédition militaire.
Sainte Gertrude est la patronne des fileuses et des jardiniers. Elle est fêtée le 17 mars, date où cessaient les travaux d’hiver, mais aussi date où les travaux agricoles reprenaient.
Si elle est implicitement considérée comme la patronne des souris et des rats c’est parce qu’au Moyen Age elle était la sainte favorite invoquée contre l’infestation des rongeurs,surtout des champs.
C’est pourquoi elle est représentée aux Pays Bas, en Rhénanie et en Espagne avec une crosse et des rongeurs à ses pieds. En Alsace et dans le sud de l’Allemagne, les artistes la représentent en religieuse avec une quenouille et des rongeurs. Enfin, en Scandinavie et en Allemagne du Nord, c’est une église ou un hôpital qui l’accompagnent.
Serait-ce de bon augure dans la réalisation du projet de la nouvelle église paroissiale Ste Gertrude ?
Huguette
P.S. : hasard ou pas, le clocher de cette chapelle n’est pas sans rappeler celui de l’avant-dernière église Sainte-Gertrude d’Etterbeek, celle du dix-neuvième siècle.